Sosyété

« Le drapeau de l’OJAM, symbole identitaire et culturel de la Martinique : enjeux et controverses »

Le drapeau contestataire en Martinique est un symbole fort de la lutte anticoloniale et dissidente de l’île. Cependant, récemment, il a été adopté par la Collectivité Territoriale de Martinique pour désigner l’identité culturelle de l’île dans des contextes sportifs et culturels. Ce choix a suscité des débats et des controverses quant à la signification et à l’utilisation appropriée de ce symbole.

Le drapeau contestataire en Martinique trouve ses origines dans la lutte anticoloniale et dissidente de l’île. Il est associé à des mouvements tels que l’OJAM, qui se battaient pour l’indépendance et la reconnaissance de l’identité martiniquaise. Le drapeau se compose de trois couleurs : le vert, qui représente la terre et la végétation, le rouge, qui symbolise le sang versé pour la liberté, et le noir, qui évoque le combat pour l’émancipation.

Le drapeau a une signification profonde et riche en termes d’identité et de valeurs. Il est considéré comme un symbole de la résistance et de la lutte contre l’oppression et l’injustice coloniales. Il incarne également l’aspiration à l’indépendance et la construction d’une identité martiniquaise forte et affirmée.

Cependant, récemment, le drapeau a été adopté pour désigner l’identité culturelle de la Martinique dans des contextes sportifs et culturels. Il est maintenant visible lors de matchs de football, de concerts et d’autres événements culturels. Cette nouvelle utilisation du drapeau a provoqué des réactions contrastées.

D’un côté, certains attestent que l’utilisation du drapeau en dehors de son contexte contestataire initial est une bonne chose. Ils ont estimé que le drapeau a une signification culturelle et identitaire forte qui mérite d’être reconnu et décrite. Selon eux, cette utilisation sportive et culturelle du drapeau permet de mettre en avant l’identité martiniquaise et de la faire connaître au-delà des frontières de l’île.

D’un autre côté, d’autres ont estimé que cette utilisation du drapeau dilue sa signification originale et banalise sa valeur en tant que symbole contestataire. Selon eux, le drapeau doit rester associé à son contexte initial de lutte anticoloniale et dissidente pour conserver toute sa signification et son importance. Ils craignent également que cette utilisation du drapeau ne serve qu’à des fins de marketing et de promotion commerciale.

Cette nouvelle utilisation du drapeau a suscité des débats et des controverses dans la société martiniquaise. Certains ont estimé que l’utilisation du drapeau dans des contextes non politiques est une manière de le banaliser et de le détourner de sa signification initiale. D’autres applicables que cette nouvelle utilisation du drapeau est une manière de rappeler l’identité martiniquaise et de rappeler l’histoire de lutte contre l’oppression coloniale.

En effet, l’OJAM et son drapeau ont une histoire riche et symbolique dans la lutte pour l’indépendance de la Martinique. Le drapeau fonde les racines africaines et amérindiennes de la culture martiniquaise, ainsi que la lutte contre le colonialisme français. Ainsi, pour certains, l’utilisation du drapeau dans des contextes non politiques, tels que les événements sportifs détournés, peut affaiblir sa symbolique et son message initial, voire même le vider de son sens premier.

Cependant, d’autres références que cette nouvelle utilisation du drapeau est une manière de souligner l’identité martiniquaise et de rappeler l’histoire de lutte contre l’oppression coloniale. En utilisant le drapeau dans des contextes non politiques, tels que les événements sportifs, les associations culturelles ou les manifestations festives, la population martiniquaise peut se réapproprier ce symbole et en faire un élément fort de son identité culturelle. Cela peut contribuer à la fierté et à la cohésion au sein de la société martiniquaise, en rappelant l’histoire de la lutte de l’OJAM et des mouvements indépendantistes.

Il convient toutefois de souligner que l’utilisation du drapeau de l’OJAM dans des contextes non politiques ne doit pas conduire à une perte de sens et de signification. Il est important de rappeler l’histoire et le symbole du drapeau, ainsi que son rôle dans la lutte pour l’indépendance de la Martinique. En ce sens, les associations culturelles et les organisations sportives peuvent jouer un rôle important en sensibilisant la population à l’histoire et la signification du drapeau, tout en le mettant en valeur dans des contextes non politiques.

Outre les débats et les controverses révèlent l’utilisation du drapeau de l’OJAM dans des contextes non politiques, il est essentiel de souligner l’importance de contextualiser son utilisation. En effet, le contexte dans lequel le drapeau est utilisé peut influencer sa signification et sa portée symbolique. Par exemple, l’utilisation du drapeau dans un contexte sportif peut avoir une signification différente de celle dans un contexte politique ou militant.

Il est donc essentiel de prendre en compte le contexte dans lequel le drapeau est utilisé, afin de préserver sa signification et son rôle dans la lutte pour l’indépendance de la Martinique. Cela nécessite une prise de conscience collective et une sensibilisation à l’histoire et à la symbolique du drapeau.

De plus, il est important de reconnaître la valeur du drapeau en tant que symbole identitaire et culturel de la Martinique, tout en respectant sa signification originale et son histoire. En utilisant le drapeau dans des contextes non politiques, il est essentiel de veiller à ne pas détourner de sa signification première et de son rôle dans la lutte pour l’indépendance de la Martinique.

En fin de compte, l’utilisation du drapeau culturel de l’OJAM dans des contextes non politiques peut être bénéfique pour la société martiniquaise, en renforçant son identité et en rappelant l’histoire de lutte contre l’oppression coloniale. Cependant, il est crucial de contextualiser son utilisation et de respecter sa signification originale et son histoire, afin de préserver sa portée symbolique et son rôle dans la lutte pour l’indépendance de la Martinique.

  

Il est essentiel de poursuivre le dialogue autour de l’utilisation de symboles contestataires et dissidents dans différents contextes, tout en étant conscients de leur signification originale et de leur valeur en tant que symboles identitaires. Nous devons être attentifs à ne pas détourner leur signification première tout en reconnaissant leur importance en tant que symboles culturels et identitaires.

En somme, la question de l’utilisation du drapeau de l’OJAM dans des contextes non politiques soulève des enjeux complexes et multiples. Il est crucial de continuer à en discuter de manière ouverte et respectueuse afin de préserver la signification originale du drapeau tout en reconnaissant sa valeur en tant que symbole identitaire et culturel de la Martinique.


Drapeau Martinique


Alé asou paj
Drapo Matinik
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Drapo Matinik

Le Drapeau de la Martinique

Le Manifeste de l’OJAM, ou Organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique, a été rédigé en 1962 par dix-huit jeunes auteurs martiniquais déterminés à faire entendre leur voix. Sous le titre de « La Martinique aux martiniquais », ce texte revendique la souveraineté de leur île, jusqu’alors soumise à l’emprise coloniale française.

Les auteurs, parmi lesquels figuraient Rodolphe Désiré, Renaud de Grandmaison, Henri Pied, Hervé Florent, Marc Pulvar, Joseph René-Corail, Léon Sainte-Rose, Charles Davidas, Roger Riam, Victor Lessort, Gesner Mencé, Henri Armougon, Manfred Lamotte, Guy Dufond, Guy Anglionin, Georges Aliker, Josiane Saint-Louis-Augustin et Roland Lordinot, ont pris le risque de diffuser leur manifeste en le plaçardant dans les rues de la Martinique les 23 et 24 décembre 1962.
Leur message a immédiatement suscité des réactions vives et controversées dans la population.

Cependant, leur action a également eu des conséquences plus graves : les dix-huit jeunes militants ont été arrêtés et emprisonnés à Fresnes, en France, sous l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’État. Leur procès, organisé en 1964, a été largement perçu comme une manoeuvre politique destinée à faire taire les voix dissidentes. Mais les auteurs du Manifeste ont su faire preuve d’une grande détermination, défendant leur cause avec courage et passion.

Au final, le verdict du procès a été clair : tous les accusés ont été acquittés, marquant ainsi une victoire importante pour la lutte anticolonialiste. Le Manifeste de l’OJAM est resté un symbole fort de la résistance martiniquaise face à l’oppression coloniale, et un appel à l’émancipation et à la dignité des peuples opprimés.

Il est important de signaler que Le drapeau de l’UNIA (Universal Negro Improvement Association and African Communities League) est repris dans le manifeste de l’OJAM.

Le drapeau de l’Universal Negro Improvement Association and African Communities League, plus communément appelée UNIA, est un symbole fort de la lutte pour l’égalité et la liberté des peuples ayant des ancêtres africains. Dévoilé lors de la convention du 13 août 1920 au Madison Square Garden, il arbore fièrement les couleurs rouge, noir et vert, déclarées couleurs officielles de la race africaine par l’UNIA.

Le rouge, éclatant et vibrant, symbolise le sang qui unit tous les peuples africains, ainsi que celui de la lutte pour la libération. Il rappelle avec force l’importance de l’union face à l’oppression, et la nécessité de se battre pour un avenir meilleur.

Le noir, profond et mystérieux, représente quant à lui le peuple noir en tant que nation, bien qu’il ne dispose pas d’un État correspondant. Ce noir intense rappelle la force et la résilience du peuple africain, qui a su faire face aux épreuves et aux défis de l’Histoire.

Enfin, le vert, riche et luxuriant, symbolise l’abondance de la nature africaine. Cette couleur évoque la beauté et la richesse des terres africaines, ainsi que la connexion profonde entre les Africains et leur environnement naturel.

Le drapeau de l’UNIA est ainsi un symbole fort et puissant, qui rappelle l’importance de l’union, de la lutte et de la résistance. Il a été créé en réponse à une chanson raciste intitulée « Every race has a flag but the « coon« , soulignant l’importance de se réapproprier les symboles et les couleurs de sa propre identité culturelle.

Aujourd’hui, le drapeau pan-africain est toujours un symbole important pour de nombreuses personnes à travers le monde, rappelant la nécessité de lutter contre l’oppression, l’injustice et la discrimination.

En arborant fièrement ces couleurs, on affirme son appartenance à une communauté forte et résiliente, prête à se battre pour un monde meilleur et plus juste.

L’histoire du drapeau

Le drapeau rouge, vert et noir à bandes verticales est devenu l’emblème incontesté de la Martinique. Les couleurs de ce drapeau, symbole de la lutte anticoloniale, ont une histoire complexe et controversée qui remonte au XVIIe siècle.

Selon certaines sources, ces couleurs auraient été utilisées pour la première fois en 1665, lors de révoltes d’esclaves menées par Francis Fabulé, un « Nèg Mawon » qui aurait combattu aux côtés des Kalinagos contre les colons français.
D’autres sources situent l’origine de ces couleurs en 1801, lors d’une révolte d’esclaves au Carbet, ou encore en 1870, lors de la Grande insurrection du Sud, au cours de laquelle les insurgés auraient arboré des foulards ou des bandeaux rouge, vert et noir en signe de ralliement.
Malgré ces incertitudes, l’importance symbolique de ces couleurs pour la communauté afro-descendante de la Martinique est incontestable.

Dans les années 1960, l’Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique (OJAM) a repris ces couleurs sous la forme de trois bandes verticales, rappelant le drapeau français, pour protester contre la départementalisation. C’est à cette époque que Victor Lessort, surnommé « Totor« , a créé le premier drapeau rouge, vert et noir à bandes verticales, alors qu’il était emprisonné en attendant son procès pour avoir affiché le manifeste de l’OJAM.

La paternité du drapeau dans sa forme actuelle reste sujette à débat.
Certains attribuent sa création à Guy Cabort-Masson et Alex Ferdinand, qui l’auraient dessiné lors des événements de mai 1968 à Paris.
D’autres, comme Victor Lessort lui-même, revendiquent la création de ce drapeau depuis sa cellule dès 1963.
Quoi qu’il en soit, l’assemblée de Martinique reconnaît l’importance de ce drapeau comme

« symbole (…) pour les afro-descendants de la Martinique depuis le XIXème siècle ».

Au fil du temps, le drapeau rouge, vert et noir à bandes verticales est devenu l’emblème de la revendication autonomiste et indépendantiste martiniquaise. Il est régulièrement arboré lors de manifestations politiques et syndicales, mais son utilisation reste controversée au sein du mouvement nationaliste.

En somme, l’histoire complexe et controversée du drapeau rouge, vert et noir à bandes verticales témoigne de l’importance de la lutte anticoloniale et de la résistance des communautés afro-descendantes de la Martinique. Ce symbole fort continue d’incarner l’espoir et la fierté de tout un peuple, dans son aspiration à l’autonomie et à la reconnaissance de son identité culturelle et politique.


La décision de la CTM de hisser le drapeau Rouge, Vert, Noir aux côtés de l’emblème de la France et de l’Union Européenne à la mairie du Lamentin n’a pas manqué de susciter des réactions contrastées.
Si certains se félicitent de cette reconnaissance symbolique, d’autres demeurent sceptiques quant à son utilité réelle.

Malgré ce clivage, le drapeau flotte désormais fièrement sur la façade de la mairie, signe tangible d’un sentiment identitaire fort qui anime une partie de la population martiniquaise.

Ce n’est pas la première fois qu’un édile municipal choisit de hisser ce drapeau emblématique sur les façades de sa mairie.
En effet, par le passé, des souverainistes tels que Garcin Malsa, maire de Sainte-Anne en 1995, ou encore Marcelin Nadeau, maire du Prêcheur en mars 2019, avaient déjà pris cette décision avec conviction.

Il semble donc que cette question identitaire continue de diviser les esprits et de susciter des débats passionnés. Reste à savoir si d’autres communes de l’île emboîteront le pas de la mairie du Lamentin en hissant le drapeau Rouge, Vert, Noir en signe de reconnaissance de leur culture et de leur histoire.


 

Enjeux et contreverses du Drapeau


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Drapo Kaltjil èk risk
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Drapo Matinik
Drapo UNIA

 

Coon: (informal) → raccoon (vulgar) terme raciste désignant un Noir, ≃ nègre m, ≃ négresse f
Rakoun en langue martiniquaise créole, raton laveur.

CTM, ou Collectivité Territoriale de Martinique, est l’instance chargée de gérer les affaires publiques de l’île de la Martinique.

Le Colorisme ou « lè ou ni an ti koulè wayayay! »

Le mot « colorisme » vient du terme anglais « colorism ». Il a été utilisé pour la première fois dans les années 1980 par la chercheuse Alice Walker pour décrire la discrimination basée sur la couleur de peau dans la communauté afro-américaine, dans son livre « In Search of Our Mothers’ Gardens ».
Le terme a depuis été largement utilisé pour décrire la discrimination basée sur la couleur de peau dans d’autres contextes et communautés, notamment dans les Caraïbes et en Amérique latine.
Le colorisme est étroitement lié au racisme et à la discrimination basée sur l’apparence physique.
Le colorisme se concentre plutôt sur la hiérarchisation des couleurs de peau à l’intérieur d’un même groupe racial ou ethnique;
Le colorisme est un phénomène social qui consiste à discriminer les personnes en fonction de la couleur de leur peau. Ce concept a été introduit pour décrire une forme de discrimination basée sur la couleur de la peau qui se produit souvent dans les communautés noires.
Le colorisme n’est pas la même chose que le racisme, qui est une forme de discrimination basée sur la race ou l’origine ethnique.
Le racisme et le colorisme sont deux phénomènes liés à la discrimination, mais ils ne sont pas identiques.
Le racisme est une forme de discrimination basée sur la race ou l’origine ethnique, qui se manifeste par des attitudes, des croyances ou des comportements discriminatoires envers les personnes qui appartiennent à une autre race ou à une autre ethnie. Le racisme peut être institutionnel, structurel ou individuel, et il peut prendre différentes formes, comme le refus de l’accès à l’emploi, au logement ou aux services publics, ou encore la violence physique ou verbale.
Retenons que le colorisme, quant à lui, est une forme de discrimination qui se base sur la couleur de la peau, qui peut être observée à l’intérieur d’un même groupe racial ou ethnique.
Cette forme de discrimination peut être influencée par des critères esthétiques ou culturels, qui favorisent les personnes ayant une peau plus claire par rapport à celles ayant une peau plus foncée. Le colorisme peut se manifester par des attitudes négatives envers les personnes ayant une couleur de peau plus foncée, comme la stigmatisation, la marginalisation ou la discrimination en matière d’emploi ou d’éducation.

Ainsi, bien que le racisme et le colorisme soient tous deux des formes de discrimination, ils ne sont pas interchangeables.
Les deux phénomènes peuvent coexister et se renforcer mutuellement, mais ils ont des causes et des conséquences différentes. Il est important de reconnaître et de combattre ces deux formes de discrimination pour promouvoir l’égalité des chances et l’inclusion sociale pour tous les individus.

Le racisme peut être basé sur des croyances erronées selon lesquelles certaines races seraient supérieures à d’autres, et peut être influencé par des facteurs historiques, sociaux, économiques et politiques. Les conséquences du racisme sont multiples et peuvent avoir des effets négatifs sur la santé mentale et physique, le bien-être émotionnel, l’accès à l’éducation, à l’emploi et aux services publics, et la qualité de vie en général.

 Le colorisme se concentre plutôt sur la hiérarchisation des couleurs de peau à l’intérieur d’un même groupe racial ou ethnique.
Par exemple, dans la communauté noire, les personnes ayant une peau plus claire sont souvent considérées comme plus attirantes, plus intelligentes et plus dignes de respect que celles ayant une peau plus foncée. De même, dans la communauté latine, les personnes ayant une peau plus claire sont souvent considérées comme plus belles et plus attractives que celles ayant une peau plus foncée.
Le colorisme est un phénomène complexe qui est lié à de nombreuses autres formes de discrimination, telles que le sexisme, l’âgisme et le classisme. Les femmes, les personnes âgées et les personnes appartenant à des classes sociales défavorisées sont souvent les plus touchées par le colorisme.

Les personnes ayant une couleur de peau plus claire ont souvent un accès privilégié à l’éducation, aux emplois bien rémunérés et aux avantages sociaux, tandis que celles ayant une couleur de peau plus foncée peuvent être confrontées à la pauvreté, à la marginalisation et à la discrimination. L
Le colorisme peut être influencé par des facteurs tels que la colonisation, l‘esclavage, la mondialisation et les médias.
Les conséquences du colorisme sont également multiples et peuvent inclure la discrimination en matière d’emploi et d’éducation, la stigmatisation sociale, la faible estime de soi, l’anxiété, la dépression et d’autres problèmes de santé mentale

La lutte contre le colorisme nécessite une prise de conscience collective et des actions concrètes pour promouvoir l’égalité des chances pour tous les individus, quelle que soit leur couleur de peau. Cela implique de combattre les stéréotypes raciaux et les préjugés, de promouvoir la diversité culturelle et d’encourager l’inclusion sociale et professionnelle. Les politiques et les pratiques de recrutement doivent être équitables et basées sur les compétences et les qualifications des candidats, plutôt que sur leur couleur de peau.
Enfin, il est essentiel de renforcer la législation pour lutter contre toute forme de discrimination basée sur la couleur de peau.

Carnaval, enjeux sociétaux, défi de la mobilisation populaire

La Martinique face à ses enjeux sociétaux : le défi de la mobilisation populaire

Depuis plusieurs années, la Martinique est confrontée à de nombreux enjeux sociétaux qui touchent la sécurité, l’économie, l’environnement, la culture et l’identité. Malgré l’ampleur de ces problématiques, la population semble peu mobilisée pour les résoudre.
En effet, alors que les festivités carnavalesques rassemblent chaque année des milliers de personnes, les manifestations pour dénoncer la violence, l’insécurité, la pauvreté ou la pollution ont tendance à susciter moins d’engouement.
Cette situation soulève une question fondamentale:  « pourquoi la population ne se mobilise-t-elle pas autant pour les problèmes dramatiques que pour le carnaval ? »

En réalité, cette question renvoie à des enjeux sociologiques complexes liés à l’histoire, à la culture, à l’identité et à l’économie de la Martinique. D’une part, le poids de l’histoire coloniale et de l’assimilation culturelle ont contribué à fragiliser l’identité martiniquaise et à créer des inégalités économiques et sociales. D’autre part, les traditions culturelles, comme le carnaval, occupent une place centrale dans l’imaginaire collectif et peuvent être perçues comme un moyen de résister à l’emprise culturelle française.

Cependant, la forte mobilisation pour le carnaval ne doit pas faire oublier les problématiques cruciales auxquelles est confrontée la Martinique. En effet, les problèmes de sécurité, de santé, d’environnement, de culture et d’identité sont autant d’enjeux majeurs qui impactent directement la vie quotidienne de la population. C’est pourquoi il est essentiel de sensibiliser les Martiniquais à ces problématiques et de les mobiliser pour agir ensemble en faveur de solutions concrètes et durables.

En somme, la Martinique doit relever le défi de la mobilisation populaire pour résoudre ses enjeux sociétaux. Il est crucial de s’attaquer aux racines des problèmes pour favoriser un développement équilibré, durable et respectueux de l’identité et des valeurs martiniquaises. La résolution de ces enjeux passera par une prise de conscience collective, une mobilisation citoyenne et une volonté politique forte pour répondre aux attentes et aux aspirations de la population.

Banaré

Le terme « banaré » désigne une relation privilégiée et étroite entre deux personnes, souvent symbolisée par un échange de noms, dans la culture caraïbe insulaire. Cette relation est considérée comme une alliance, un partenariat ou un partenariat économique. Le banaré était souvent considéré comme un engagement à travailler ensemble et à soutenir l’autre en cas de besoin. Ce concept était couramment pratiqué entre les colons français et les Caraïbes insulaires aux XVIIe et XVIIIe siècles et a permis de créer un certain niveau de compréhension et de coopération entre les deux groupes. Cependant, il est important de noter que ces relations étaient souvent favorisées par des relations de pouvoir et d’oppression et qu’elles ont été largement favorisées par les intérêts économiques et politiques des colons européens.

Lors de la colonisation européenne des Petites Antilles, les relations entre les Français et les Caraïbes étaient très proches, différentes à celles entre les Anglais et les Amérindiens qui étaient plus éloignées. Cette proximité a permis un échange important et significatif entre les deux parties qui dépassaient les simples transactions matérielles. Les Caraïbes insulaires et les Français ont formé une alliance économique privilégiée qui a été concrétisée par une cérémonie d’échange de noms et la naissance d’une relation de « compères, banaré ». Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, de nombreux Français ont établi des privilèges privilégiés avec les Amérindiens, ce qui leur a donné une valeur d’être connue sous des noms européens.

Les échanges entre les Européens et les Caraïbes ont été réciproques et ont permis à chacun de gagner en connaissances dans divers domaines, tels que la botanique, l’agriculture, la pêche ou l’architecture. Les marins amérindiens ont adopté la voile précocement, et ces échanges ont été annulés à la formation des sociétés créoles des Antilles. La colonisation française a également permis la naissance d’une langue créole unique qui comporte une proportion importante de termes d’origine amérindienne, principalement pour désigner les plantes et les animaux. Les termes amérindiens viennent en grande partie des langues Tupi, du Taïno des Grandes Antilles et de l’espagnol.

Il est difficile de donner des exemples de « compères » précis sans plus de contextes et d’informations sur les personnes en question. Cependant, dans l’histoire de la colonisation française des Petites Antilles, certains des personnages notables qui ont établi des relations étroites avec les Amérindiens peuvent être qualifiés de « compères ».

Par exemple, Pierre Belain d’Esnambuc, un aventurier français, a joué un rôle important dans l’établissement de la première colonie française aux Antilles. Il a noué des liens étroits avec les Amérindiens, en particulier avec le chef caraïbe Kalinago, et a été considéré comme leur « compère ».

Un autre exemple est Joseph d’Estrées, un amiral français qui a participé à de nombreuses expéditions aux Antilles. Il a également noué des relations étroites avec les Amérindiens et a été considéré comme leur « compère ».

Ces exemples montrent l’importance des relations privilégiées établies entre les Français et les Amérindiens pendant la période de la colonisation, et commentent ces relations ont révélé la manière dont les personnes sont perçues et connues dans l’histoire.

Il est difficile de donner des exemples de noms d’Amérindiens qui ont été donnés suite à un « banaré » « compères » car il n’y a pas de liste officielle ou de sources fiables qui enregistrent ces noms. Cependant, dans les chroniques françaises, il est souvent mentionné que certains Amérindiens étaient connus sous des noms européens tels que « Toussaint » ou « Jacques » suite à leur partenariat privilégié avec des Français.

Référence à des noms « pilote » ou « arlet » dans le contexte de la cérémonie d’échange de noms entre les Français et les Amérindiens. 

 Noms de chefs amérindiens, suite à un banaré ou compère

  1. Enao
  2. Kairouanaise
  3. Oumasourou
  4. Caonabo
  5. Guacanagarix
  6. Anacaona
  7. Hatuey
  8. Taïno
  9. Tamanaco
  10. Paria.
  • Énagui
  • Petit-Pierre
  • Manicou
  • Pégouga
  • Augustin
  • Basile
  • Anacaona
  • Guacanagarix
  • Biassou
  • Toussaint
  • Enaco, un chef caraïbe connu pour ses relations privilégiées avec les Français dans les Antilles.
  • Ouaninou, un chef de la région de Cayenne en Guyane française, qui a noué des liens étroits avec les colons français.
  • Kairi, un chef de la tribu des Arawaks en Guyane, qui a joué un rôle important dans les négociations entre les colons français et les Amérindiens.
  • Kaÿman, un chef caraïbe connu pour son soutien aux colons français dans les Antilles.
  • Tchan, un chef amérindien en Guyane qui a établi des liens étroits avec les colons français et qui a aidé à établir la première colonie française en Guyane.

Dans les Petites Antilles, il y a eu de nombreux chefs amérindiens qui ont reçu un nouveau nom suite à un banaré ou compère avec les Français. Voici quelques exemples :

  • En Martinique :
    • Enamo, un chef caraïbe qui a été un allié des Français durant la colonisation.
    • Arawak, un chef caraïbe qui a établi des liens étroits avec les premiers colons français.
  • En Guadeloupe :
    • Ayawy, un chef caraïbe connu pour son alliance avec les Français durant la colonisation.
    • Téréma, un chef amérindien connu pour sa participation à la défense de la Guadeloupe face aux envahisseurs anglais.

Ces noms sont donnés pour illustration et il existe sans doute beaucoup d’autres dans les archives de l’histoire de la colonisation des Petites Antilles.

Le « banaré » est un mot caraïbe qui désigne un partenariat économique privilégié et une alliance entre deux hommes.

le terme « banaré » et « compère » désignent généralement la même chose. Ils sont utilisés pour décrire un privilège privilégié et une alliance économique établie entre deux hommes, généralement entre un Français et un Amérindien, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. 

La traduction des mots amérindiens en français n’est pas toujours littérale et ne reflète souvent que l’équivalent dans la façon de parler française. Par exemple, la traduction de « amoré banaré » en « bonjour compère » peut faire croire que « banaré » signifie « compere ». Cependant, « amoré » ne signifie que « toi ». Les mêmes mots « amoré banaré » peuvent aussi être traduits en « ne craignez rien compère ». Cette confusion montre la difficulté de traduire la langue des Amérindiens avec précision. Les premiers dictionnaires galibis ont été rédigés par des européens et ont un certain nombre de différences en termes de mots rapportés. Il est donc important d’apprécier le degré de confiance que chaque dictionnaire mérite. Le plus ancien dictionnaire galibi connu est celui écrit par Paul Boyer en 1654.

 Malheureusement, cette proximité franco-caraïbe a également été marquée par des violences et des abus. Le génocide des Caraïbes insulaires a été un des aspects les plus sombres de la colonisation européenne de ces îles. Les Caraïbes ont été systématiquement persécutés et décimés par les colons européens, qui les ont considérés comme une menace pour leur domination sur ces terres. Les colons ont utilisé des tactiques telles que la torture, l’esclavage et la maladie pour réduire la population caraïbe. En conséquence, le nombre de Caraïbes insulaires a diminué au fil des siècles, ce qui a eu un impact dévastateur sur leur culture et leur histoire. Bien que les relations franco-caraïbes aient été des moments de coopération et d’échanges, elles ont été tragiquement marquées par la violence et le génocide.
 Le génocide des Caraïbes insulaires est incompatible avec la notion de « banaré », qui décrit une relation privilégiée et étroite entre deux personnes. Le génocide représente la violation la plus grave de la confiance et de la coopération entre les deux groupes, ce qui a détruit les fondements de la relation franco-caraïbe. Les colons européens ont trahi la confiance et le partenariat établi avec les Caraïbes insulaires en les persécutants et en les exterminants. Cette tragédie eu un impact profond sur les descendants des Caraïbes insulaires, qui continue de lutter pour leur reconnaissance et leur dignité.
  il y a eu un certain échange entre les colons européens et les Amérindiens dans les Petites Antilles. Cependant, ce n’était pas toujours un échange équitable ou respectueux. Les colons européens étaient souvent motivés par le désir de contrôler les ressources naturelles et les populations locales, ce qui les a conduits à exploiter et à opprimer les Amérindiens. Les colons ont souvent échangé des produits manufacturés contre des produits locaux, mais leur priorité était souvent de s’assurer un contrôle sur les ressources naturelles et les populations locales plutôt que de construire des relations respectueuses avec les Amérindiens. Le flux d’échange entre les colons et les Amérindiens a été souvent favorisé par les relations de pouvoir et d’oppression plutôt que par un désir de coopération et d’échange équitable.



Lauhon Jean-Pierre /
Kounta Banaré : j’ai fait un banaré avec mon ancêtre Africain Kounta /
JipÈl

« Jouanacaëra » ou « Wanakaera »

Igwàn

L’histoire des Petites-Antilles remonte à des millénaires avant l’arrivée des Européens en 1492. En effet, la première colonisation de l’archipel par les Amérindiens démarre à Trinité (Trinidad) vers 5000 av. J.-C. Cette période précolombienne a vu l’émergence de deux principaux groupes de population qui ont cohabité avec des peuples aux cultures distinctes.
Les Arawaks, premiers à s’installer dans ces îles, se sont propagés dans la région au cours d’une migration qui a débuté depuis la rivière Orénoque au Venezuela. Les preuves archéologiques témoignent de leur présence sur plusieurs îles. Ils avaient développé une agriculture avancée, une société organisée et une culture raffinée.
Les Kalinagos, également appelés Caribs, ont quant à eux entamé une campagne de conquêtes et de déplacements des Arawaks, peu avant l’arrivée des Européens. Leur coutume guerrière leur a permis de coloniser les îles des Petites-Antilles depuis l’extrême sud de l’archipel, jusqu’à l’île de Saint-Christophe, au cours du xvie siècle. Les îles du nord, proches de Saint-Christophe, ont gardé un nom arawak tandis que les îles situées au sud ont été nommées par les Kalinagos.
Au-delà des deux groupes dominants, des petits villages occupés par des peuples aux cultures distinctes des Arawaks et des Kalinagos ont prospéré sur les plus grandes îles situées le plus au sud. La grande île de Trinité, par exemple, était partagée entre les groupes Kalinago d’un côté et Arawak de l’autre.
L’île de Barbade, quant à elle, est restée inhabitée jusqu’à l’installation des Européens. Des indices laissent toutefois suggérer que les Kalinagos ont colonisé l’île, entraînant le déplacement de la population Arawak, avant de la quitter sans explication.
En somme, l’histoire de la colonisation des Petites-Antilles est riche et complexe, marquée par les mouvements de différents groupes de population aux cultures et modes de vie variés. Les traces de cette histoire sont encore visibles dans les noms des îles et dans les vestiges archéologiques qui témoignent de la présence des premiers habitants de la région.

Nom actuel de l’île

Nom indigène Origine Sens de l’appellation
Anguilla Malliouhana Arawak Pointe de flèche ; Serpent de mer
Saint-Martin

Soualiga

Oualichi

Arawak Terre de sel (terre riche en sel) ; Île aux belles femmes
Saint-Barthélémy Ouanalao Arawak Crapauds en abondance
Saba

Siba

Amonhana

Arawak Le rocher
Saint-Eustache Aloi Arawak Île abondante en anacardiers (arbre produisant la noix de cajou)
Saint Croix Ay Ay Taino La rivière
Saint-Christophe Liamuiga Kalinago Terre fertile
Niévès Oualie Kalinago Terre aux belles eaux
Montserrat Alliouagana Kalinago Terre aux buissons épineux
Barbuda Wa’omoni Kalinago Terre des hérons (plus largement : terre des grands oiseaux)
Antigua Waladli Kalinago Land of Fish Oil (sens à déterminer)
Redonda Ocananmanrou Kalinago Signification inconnue
Guadeloupe (Basse-Terre) Karukera Kalinago Île aux belles eaux
Grande-Terre Cibouqueira Kalinago Île abondante en gommiers
Marie-Galante

Aichi

Touloukaera

Aulinagan

Kalinago

Arawak

Arawak

Terre abondante en piments ;

Île abondante en crabes touloulou ;

Terre abondante en coton

Dominica

Wai’tukubuli

Kairi

Kalinago

Arawak

Grande est sa taille ;

Signification inconnue

Martinique Jouanacaeira
Matinino
 Kalinago
Taïno
Île aux iguanes
nom d’une île mythique des Taïnos
Saint-Lucie Hewanorra Kalinago Terre de l’iguane
Saint-Vincent Hairouna Kalinago Terre de (du) bienheureux
Bequia Becouya Kalinago Île aux nuages (île ennuagée ?)
Canouan Canouan Kalinago Île des tortues (abondante en tortues caouanes ?)
Carriacou Kayryouacou Kalinago Île de caye (le terme kay, en kalinago, a donné key en anglais et caye : île basse composée de sable et de corail, en français)
Grenade Camerhogne Kalinago / Galibi ? Île aux beaux contours ? Île à la belle forme ? (traduction faite depuis l’anglais)

Îles Sous-le-Vent

Nom actuel de l’île Nom indigène Origine Sens de l’appellation
Barbade Ichirouganaim  Arawak

Île rouge ;

Île avec des dents blanches (référence aux récifs)

Tobago  Tobago  Kalinago /   Galibi? Île à tabac (abondante en plants de tabac ?)
Trinidad

 Kairi

 Iere

 Kalinago Terre de colibris (abondante en colibris)
 

Grandes Antilles

Nom actuel de l’île Nom indigène Origine Sens de l’appellation

Hispaniola (République d’Haïti

et République dominicaine)

 Ayiti

 Kiskeya

 Taïno

Terre rugueuse ;

Mère de toutes les terres

Cuba  Cobao  Taïno Large île ou large endroit (grande place)
Puerto Rico  Borikén  Taïno Terre du vaillant et noble seigneur
Jamaïque  Yamaye  Taïno Terre de forêts et d’eau/Terre aux nombreuses sources d’eau.
 

La Martinique, joyau enchanteur des Antilles françaises, regorge d’une histoire riche et complexe. La racine de son nom demeure encore aujourd’hui l’objet d’un débat historique. Selon certains, il s’agit d’une déformation du nom Taíno de l’île, transmis à Christophe Colomb lors de sa visite en 1502. Cette appellation Taïno, « Madiana » ou « Madinina« , est traditionnellement interprétée comme signifiant « île aux fleurs » ou « île des femmes ».
D’autres sources avancent cependant une théorie différente quant à l’origine du nom de l’île. Selon l’historien Sydney Daney, la Martinique était appelée « Jouanacaëra » ou « Wanakaera » par les Caraïbes, une tribu amérindienne. Ce nom signifierait littéralement « l’île des iguanes ».

Bien que l’origine exacte du nom de la Martinique reste controversée, ce qui est certain, c’est que l’île a été le témoin de nombreux peuples et cultures au fil des siècles. Les amérindiens, dont les Caraïbes et les Arawaks, ont été les premiers à s’installer sur ces terres, avant l’arrivée des Européens. Les Caraïbes, en particulier, étaient réputés pour leur courage et leur propension à la guerre, ce qui leur a permis de conquérir et de repousser les Arawaks vers le nord de l’île.

Quelle que soit l’origine exacte du nom de la Martinique, cette île exotique est aujourd’hui une destination de rêve pour les touristes du monde entier, attirés par sa beauté naturelle, sa richesse culturelle et son histoire fascinante.

Wanakaera
Jouanacaëra

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